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重温《恶之花》之“禁诗六首”:《莱斯波斯》《被诅咒的女人》《忘川》《致一位过于快乐的女郎》《首饰》《吸血鬼的变形》(附原诗)

                萨福(Sapho,约公元前630或612—约公元前592或560)

萨福(Sapho,约公元前630或612—约公元前592或560)


                油画《在最高法院里的芙丽涅》(Jean-Léon Gérome绘)

油画《在最高法院里的芙丽涅》(Jean-Léon Gérome绘)


                

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题解:
1857年6月25日,《恶之花》初版发行。诗集问世仅10天,法国的官方报纸就刊登文章,攻击其“败坏社会道德”。8月20日,法国第六轻罪法庭开庭审理《恶之花》案,判处诗人和出版商支付罚金,还勒令从诗集中删去“有伤风化”的六首诗。
1866年2月,波德莱尔在阿姆斯特丹出版《吟余集》(Les Epaves),共收录23首诗,其中包括1857年被法院勒令删除的六首诗和大部分当时未发表的诗。
直至1949年,法国最高法院才撤销原判,准许《恶之花》全文在法国境内出版,为波德莱尔恢复名誉。
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《莱斯波斯》
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本诗首次发表于1850年由朱利安•勒梅尔(Julien Lemer)主编的诗歌选集《爱情诗人》(les Poëtes de l’Amour),1857年收入第一版《恶之花》。
莱斯波斯(Lesbos)是爱琴海中一座兼具希腊传统和土耳其风情的奇特岛屿,古希腊著名抒情女诗人萨福(Sapho,约公元前630或612-约公元前592或560)曾住在该岛(一说生于该岛),并在岛上创作了大量的抒情诗,包括情歌、婚歌、颂歌等。因其诗篇中歌咏同性之爱而被教会视为异端,在中世纪时被全部焚毁,现仅存一首完整的诗章,其余均为残篇断简。
萨福曾在莱斯波斯岛创办女子学院,当时很多希腊女子慕名来岛,拜在其门下学习诗艺。萨福不仅教她们知识,还给她们写了很多带有同性恋情感的诗作,被广为传唱。
从十九世纪末开始,萨福成为女性同性恋的代名词,“Lesbienne”一词(原指在莱斯波斯女子学院求学的女子)也专指女性同性恋者。
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拉丁游戏之母,希腊风流之源,
莱斯波斯呵,亲吻的愉悦幽怨
如阳光般火热,似蜜瓜般清甜,
妆点着日夜交替的辉煌与斑斓;
拉丁游戏之母,希腊风流之源,
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莱斯波斯呵,热吻似瀑布飞湍,
无畏地迸溅,倾泻进无底深渊,
激流滚滚,时而呜咽时而嘶喊,
忽而云雨神秘,忽而密布悠远;
莱斯波斯呵,热吻似瀑布飞湍!
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莱斯波斯呵,芙丽涅捉对相恋*,
美人之叹总掀起怜香惜玉波澜,
星辰像颂扬帕福斯般将你赞叹*,
维纳斯,你嫉妒萨福情有可原!
莱斯波斯呵,芙丽涅捉对相恋,
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莱斯波斯呵,热土之夜的慵倦,
让少女在镜前感受不育的快感!
摩挲着爱欲的肉体,眼窝凹陷,
似抚触成熟的果实,惋惜华年;
莱斯波斯呵,热土之夜的慵倦,
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就让老柏拉图眯起刻板的双眼*;
虽然你热吻过度,却终获赦免,
温柔乡女王,可爱至尊的大地,
你世代奉献着娴雅,永世流传。
就让老柏拉图眯起刻板的双眼。
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虽有永恒的磨难,你终获赦免,
那磨难仍持久摧折奢望的心田,
你的笑脸远离我们却依然灿烂,
虽天各一方,你仍旧若隐若现!
虽有永恒的磨难,你终获赦免!
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莱斯波斯,何方神宿敢当法官,
把你劳累奔波的苍白额头审判?
若金色的天平无视你泪水流泛,
小溪般的泪水终汇成洪涛巨澜。
莱斯波斯,何方神宿敢当法官?
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正义与否,这类律法与我何干?
心灵高洁的贞女是群岛的体面*,
不同的宗教,却有共同的尊严,
爱情既嘲讽地狱,也取笑苍天!
正义与否,这类律法与我何干?
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莱斯波斯早已在世间把我挑选,
要将如花贞女的奥秘传唱人间,
我自幼对这隐秘黑暗耳濡目染,
不外乎狂笑中羼杂阴郁的泪眼;
莱斯波斯早已在世间把我挑选。
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从此,我守卫在琉卡特岛山巅*,
如哨兵般圆睁敏锐忠诚的双眼,
日夜监视着穿梭的帆船和战舰,
点点帆影闪现遥远的碧海蓝天。
从此,我守卫在琉卡特岛山巅,
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欲知晓茫茫沧海是否宽宏良善,
能否在礁石间呜咽回荡的夜晚,
向着宽容的莱斯波斯,将萨福
尊贵的遗体送还,她蹈海殉情*,
欲知晓茫茫沧海是否宽宏良善!
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阳刚的萨福,她是情种、诗仙,
阴郁的苍白,远比维纳斯美艳!
——湛蓝明眸难敌黑色的双眼,
阴沉眼圈因痛苦点染暗影黑癍。
阳刚的萨福,她是情种、诗仙!
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——比遗世独立的维纳斯美艳,
她向珍爱宝贝女儿的海洋老人
尽情倾洒珠宝一般的静谧泰然,
将她金发飘逸的青春光辉奉献;
她远比遗世独立的维纳斯美艳!
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——渎圣之日,萨福撒手人寰,
当她向礼法和人为的崇拜挑战,
娇躯由此沦为粗人绝妙的笑谈,
她的亵渎遭遇世俗傲慢的审判。
在渎圣之日,萨福便撒手人寰。
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从此后,莱斯波斯就暗自哀叹,
纵然举世倾慕它的荣耀和尊严,
它每晚仍旧沉醉于痛苦的呼喊,
将悲声从荒凉的海岸传向苍天!
从此后,莱斯波斯就暗自哀叹!
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注释:
*芙丽涅(Phryné),古希腊名妓,相传她因故被送上法庭,面临死刑判决,机智而雄辩的辩护人眼看无法以传统的辩护技巧替她脱罪,就在辩护中出其不意地扯下她身上的长袍,法官和五百多位市民陪审员为她完美的女性胴体折服,她遂被当庭释放。此处泛指美女。
*帕福斯(Paphos),位于塞浦路斯西部沿海,有著名的维纳斯神殿遗址。据罗马神话,维纳斯女神是在这片海面上出生的。
*柏拉图(Platon,公元前427-公元前347年),古希腊著名哲学家。他十分赞赏萨福的才华,曾称其为第十位缪斯。
*群岛(l’archipel),指爱琴海诸岛屿。
*琉卡特岛(Leucate),希腊爱奥尼亚海湾中的一座美丽半岛。
*相传萨福在55岁时爱上了莱斯波斯岛上一名英俊的船夫法翁(Phaon),因失恋在琉卡特岛蹈海殉情而死。
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Lesbos
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Mère des jeux latins et des voluptés grecques,
Lesbos, où les baisers, languissants ou joyeux,
Chauds comme les soleils, frais comme les pastèques,
Font l'ornement des nuits et des jours glorieux,
Mère des jeux latins et des voluptés grecques,
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Lesbos, où les baisers sont comme les cascades
Qui se jettent sans peur dans les gouffres sans fonds,
Et courent, sanglotant et gloussant par saccades,
Orageux et secrets, fourmillants et profonds;
Lesbos, où les baisers sont comme les cascades!
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Lesbos, où les Phrynés l'une l'autre s'attirent,
Où jamais un soupir ne resta sans écho,
À l'égal de Paphos les étoiles t'admirent,
Et Vénus à bon droit peut jalouser Sapho!
Lesbos où les Phrynés l'une l'autre s'attirent,
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Lesbos, terre des nuits chaudes et langoureuses,
Qui font qu'à leurs miroirs, stérile volupté!
Les filles aux yeux creux, de leur corps amoureuses,
Caressent les fruits mûrs de leur nubilité;
Lesbos, terre des nuits chaudes et langoureuses,
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Laisse du vieux Platon se froncer l'oeil austère;
Tu tires ton pardon de l'excès des baisers,
Reine du doux empire, aimable et noble terre,
Et des raffinements toujours inépuisés.
Laisse du vieux Platon se froncer l'oeil austère.
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Tu tires ton pardon de l'éternel martyre,
Infligé sans relâche aux coeurs ambitieux,
Qu'attire loin de nous le radieux sourire
Entrevu vaguement au bord des autres cieux!
Tu tires ton pardon de l'éternel martyre!
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Qui des Dieux osera, Lesbos, être ton juge
Et condamner ton front pâli dans les travaux,
Si ses balances d'or n'ont pesé le déluge
De larmes qu'à la mer ont versé tes ruisseaux?
Qui des Dieux osera, Lesbos, être ton juge?
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Que nous veulent les lois du juste et de l'injuste ?
Vierges au coeur sublime, honneur de l'archipel,
Votre religion comme une autre est auguste,
Et l'amour se rira de l'Enfer et du Ciel!
Que nous veulent les lois du juste et de l'injuste?
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Car Lesbos entre tous m'a choisi sur la terre
Pour chanter le secret de ses vierges en fleurs,
Et je fus dès l'enfance admis au noir mystère
Des rires effrénés mêlés aux sombres pleurs;
Car Lesbos entre tous m'a choisi sur la terre.
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Et depuis lors je veille au sommet de Leucate,
Comme une sentinelle à l'oeil perçant et sûr,
Qui guette nuit et jour brick, tartane ou frégate,
Dont les formes au loin frissonnent dans l'azur;
Et depuis lors je veille au sommet de Leucate,
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Pour savoir si la mer est indulgente et bonne,
Et parmi les sanglots dont le roc retentit
Un soir ramènera vers Lesbos, qui pardonne,
Le cadavre adoré de Sapho, qui partit
Pour savoir si la mer est indulgente et bonne!
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De la mâle Sapho, l'amante et le poète,
Plus belle que Vénus par ses mornes pâleurs!
— L'oeil d'azur est vaincu par l'oeil noir que tachète
Le cercle ténébreux tracé par les douleurs
De la mâle Sapho, l'amante et le poète!
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— Plus belle que Vénus se dressant sur le monde
Et versant les trésors de sa sérénité
Et le rayonnement de sa jeunesse blonde
Sur le vieil Océan de sa fille enchanté;
Plus belle que Vénus se dressant sur le monde!
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— De Sapho qui mourut le jour de son blasphème,
Quand, insultant le rite et le culte inventé,
Elle fit son beau corps la pâture suprême
D'un brutal dont l'orgueil punit l'impiété
De celle qui mourut le jour de son blasphème.
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Et c'est depuis ce temps que Lesbos se lamente,
Et, malgré les honneurs que lui rend l'univers,
S'enivre chaque nuit du cri de la tourmente
Que poussent vers les cieux ses rivages déserts.
Et c'est depuis ce temps que Lesbos se lamente!
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《被诅咒的女人——黛尔芬与希波吕忒》
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本诗首次发表于1857年第一版《恶之花》。研究者认为,本诗似乎是波德莱尔阅读法国十八世纪启蒙思想家、哲学家和作家狄德罗(Denis Diderot,1713-1784)的一部同名哲理小说《修女》(la Religieuse)后有感而作。波德莱尔在《致圣伯夫:初出茅庐的我们……》(A Sainte-Beuve:Tous imberbes alors...)一诗中也曾提到过这部小说。
黛尔芬(Delphine)与希波吕忒(Hyppolyte),人名,此处泛指女同性恋者。
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微弱的烛光幽暗,
枕畔的醇香弥漫,
希波吕忒梦想动情的爱抚
为她掀开烂漫青春的帷幔。
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透过被风雨迷乱的双眼,
她追寻童贞已逝的远天,
似游子驻足回眸,远观
清晨走过的蔚蓝地平线。
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无力的泪水舒缓了她的双眼,
疲惫和错愕中羼杂沉郁快感,
垂下的玉臂似武器丢弃一边,
她弱不禁风的美艳淋漓尽现。
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她脚边的黛尔芬愉悦悠然,
深情凝望着她,热力四溅,
好似猛兽盯着爪下的猎物,
利齿早已为它打上了标签。
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这壮美人跪在弱美人面前,
啜饮着得胜酒,快感欢颜,
再将肢体向她傲慢地舒展,
似乎想要领受甜美的感言。
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从那祭品苍白无望的双眼,
她正在寻求着无声的颂赞,
崇敬中交织着无尽的感激,
宛若一声长叹流出了眼睑。
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——“亲爱的希波吕忒,你有何感?
现在明白了吧,玫瑰的初蕊
不该当神圣祭品向狂风奉献,
风狂雨骤,只会使鲜花枯干!
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“我的轻吻,柔曼似水上蜉蝣,
在黄昏掠过澄澈浩淼的湖面,
情郎之吻,却好似挖地开镰,
像马车犁铧无情地撕裂地面;
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“他们像身负沉重挽具的牛马,
铁蹄会无情地将你碾碎轧烂......
希波吕忒,哦,小妹妹!转过脸,
我的一切、一半,我的灵魂、心肝,
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“转过你密布蔚蓝星辰的碧眼!
你温情一瞥,便神膏般缠绵,
我要撩开更隐秘欢娱的帷幔,
让你沉睡于绵绵无尽的梦幻!”
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可希波吕忒仰起稚嫩的脸:
“我并非绝情,亦绝无悔怨,
我的黛尔芬,我痛苦难安,
有如亲历了一次恐怖夜宴。
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“我感觉沉重的恐惧蜂拥而来,
还有黑压压的一片阴魂扑面,
它们想把我引导上失足之路,
可血腥的天际却把关隘阻断。
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“难道我们做了丑事一件?
不然我为何会恐惧慌乱:
你一声‘天使!’我就惧颤,
可芳唇仍贴向你的嘴边?
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“别这样看我,你呵,我的思念!
天赐的姐姐,我对你情爱无限,
你设下圈套我也肯钻,
即便堕落也心甘情愿!”
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黛尔芬晃动她悲凉的浓发
如坐三脚铁座,双足震颤*,
她的目光逼人,口气专断:
——“爱情前侈谈地狱,胆大包天!
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“最可恨异想天开的梦幻,
越棘手难缠的困难,
越妄想能最先了断,
爱情与贞操,焉能混谈!
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“谁想用一种神秘的和弦
一统热烈阴暗、黑夜白天,
被称为爱情的红日
难将瘫痪之躯温暖!
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“去吧,想嫁就嫁个未婚蠢蛋;
将处子之心向无情之吻奉献;
你会面无血色,满腹悔怨,
只带回双乳上累累的创瘢......
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“在世上只能讨一个主子喜欢!”
可少女却流露出无穷的愁怨,
突然高喊:“我感到无底深渊
在我体内蔓延;我心即深渊!
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“如火山爆发,似虚无渺远!
无法使呻吟的恶魔意足心满,
欧墨尼德斯的干渴欲壑难填*,
她手中火炬正将我热血点燃。
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“愿紧闭的帷幔能将世界隔断,
愿厌倦能够为我们带来安眠!
我愿在你的酥胸上化为乌有,
在你双乳间寻觅坟墓的清甜!”
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——沉沦吧,沉沦,可悲的祭奠,
万劫不复的地狱,长路漫漫!
快沉入底层的深渊,在那儿,
阴风鞭打着罪孽,绝非来自上天,
罪孽在沸腾,夹杂着风雨雷电。
疯狂的幽灵,正奔向极乐终点;
难抑的狂热,使你们无力掌管,
无节制狂欢,终招致惩罚灾难。
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洞穴永不会照进明澈的阳光;
热浊的瘴气会沿着墙缝蔓延,
它燃烧着,就犹如鬼火盏盏,
可怖的腐香沁入你肺腑心肝。
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你们只热衷于不育的寻欢,
焦渴的肌肤定将失水枯干,
淫欲的狂风,会把你们的
血肉像破旗一般撕得稀烂。
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该死的游荡女,快远离人烟,
像野狼般在莽莽荒原上奔窜;
放荡游魂,命运靠自己把握,
快快逃离,有道是苦海无边!
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注释:
*三脚铁座(trépied),古希腊风俗,每年在希腊德尔斐(Delphes)的阿波罗神庙举办阿波罗节,由女祭司坐在三脚铁座上,向求神者宣读阿波罗的神谕。
*欧墨尼德斯(Euménides),希腊神话中复仇三女神的统称,又称厄里倪厄斯(Erynnyes)。
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Femmes Damnées——Delphine et Hippolyte
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À la pâle clarté des lampes languissantes,
Sur de profonds coussins tout imprégnés d'odeur
Hippolyte rêvait aux caresses puissantes
Qui levaient le rideau de sa jeune candeur.
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Elle cherchait, d'un oeil troublé par la tempête,
De sa naïveté le ciel déjà lointain,
Ainsi qu'un voyageur qui retourne la tête
Vers les horizons bleus dépassés le matin.
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De ses yeux amortis les paresseuses larmes,
L'air brisé, la stupeur, la morne volupté,
Ses bras vaincus, jetés comme de vaines armes,
Tout servait, tout parait sa fragile beauté.
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Étendue à ses pieds, calme et pleine de joie,
Delphine la couvait avec des yeux ardents,
Comme un animal fort qui surveille une proie,
Après l'avoir d'abord marquée avec les dents.
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Beauté forte à genoux devant la beauté frêle,
Superbe, elle humait voluptueusement
Le vin de son triomphe, et s'allongeait vers elle,
Comme pour recueillir un doux remerciement.
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Elle cherchait dans l'oeil de sa pâle victime
Le cantique muet que chante le plaisir,
Et cette gratitude infinie et sublime
Qui sort de la paupière ainsi qu'un long soupir.
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— «Hippolyte, cher coeur, que dis-tu de ces choses?
Comprends-tu maintenant qu'il ne faut pas offrir
L'holocauste sacré de tes premières roses
Aux souffles violents qui pourraient les flétrir ?
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Mes baisers sont légers comme ces éphémères
Qui caressent le soir les grands lacs transparents,
Et ceux de ton amant creuseront leurs ornières
Comme des chariots ou des socs déchirants;
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Ils passeront sur toi comme un lourd attelage
De chevaux et de boeufs aux sabots sans pitié...
Hippolyte, ô ma soeur! tourne donc ton visage,
Toi, mon âme et mon tout, mon tout et ma moitié,
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Tourne vers moi tes yeux pleins d'azur et d'étoiles!
Pour un de ces regards charmants, baume divin,
Des plaisirs plus obscurs je lèverai les voiles,
Et je t'endormirai dans un rêve sans fin!»
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Mais Hippolyte alors, levant sa jeune tête:
— «Je ne suis point ingrate et ne me repens pas,
Ma Delphine, je souffre et je suis inquiète,
Comme après un nocturne et terrible repas.
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Je sens fondre sur moi de lourdes épouvantes
Et de noirs bataillons de fantômes épars,
Qui veulent me conduire en des routes mouvantes
Qu'un horizon sanglant ferme de toutes parts.
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Avons-nous donc commis une action étrange ?
Explique, si tu peux, mon trouble et mon effroi:
Je frissonne de peur quand tu me dis: 'Mon ange!'
Et cependant je sens ma bouche aller vers toi.
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Ne me regarde pas ainsi, toi, ma pensée!
Toi que j'aime à jamais, ma soeur d'élection,
Quand même tu serais une embûche dressée
Et le commencement de ma perdition!»
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Delphine secouant sa crinière tragique,
Et comme trépignant sur le trépied de fer,
L'oeil fatal, répondit d'une voix despotique:
— «Qui donc devant l'amour ose parler d'enfer ?
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Maudit soit à jamais le rêveur inutile
Qui voulut le premier, dans sa stupidité,
S'éprenant d'un problème insoluble et stérile,
Aux choses de l'amour mêler l'honnêteté!
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Celui qui veut unir dans un accord mystique
L'ombre avec la chaleur, la nuit avec le jour,
Ne chauffera jamais son corps paralytique
À ce rouge soleil que l'on nomme l'amour!
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Va, si tu veux, chercher un fiancé stupide;
Cours offrir un coeur vierge à ses cruels baisers;
Et, pleine de remords et d'horreur, et livide,
Tu me rapporteras tes seins stigmatisés...
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On ne peut ici-bas contenter qu'un seul maître!»
Mais l'enfant, épanchant une immense douleur,
Cria soudain: — «Je sens s'élargir dans mon être
Un abîme béant; cet abîme est mon coeur!
Brûlant comme un volcan, profond comme le vide!
Rien ne rassasiera ce monstre gémissant
Et ne rafraîchira la soif de l'Euménide
Qui, la torche à la main, le brûle jusqu'au sang.
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Que nos rideaux fermés nous séparent du monde,
Et que la lassitude amène le repos!
Je veux m'anéantir dans ta gorge profonde,
Et trouver sur ton sein la fraîcheur des tombeaux!»
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— Descendez, descendez, lamentables victimes,
Descendez le chemin de l'enfer éternel!
Plongez au plus profond du gouffre, où tous les crimes
Flagellés par un vent qui ne vient pas du ciel,
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Bouillonnent pêle-mêle avec un bruit d'orage.
Ombres folles, courez au but de vos désirs;
Jamais vous ne pourrez assouvir votre rage,
Et votre châtiment naîtra de vos plaisirs.
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Jamais un rayon frais n'éclaira vos cavernes;
Par les fentes des murs des miasmes fiévreux
Filtrent en s'enflammant ainsi que des lanternes
Et pénètrent vos corps de leurs parfums affreux.
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L'âpre stérilité de votre jouissance
Altère votre soif et roidit votre peau,
Et le vent furibond de la concupiscence
Fait claquer votre chair ainsi qu'un vieux drapeau.
Loin des peuples vivants, errantes, condamnées,
À travers les déserts courez comme les loups;
Faites votre destin, âmes désordonnées,
Et fuyez l'infini que vous portez en vous!
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《忘川》
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本诗首次发表于1857年第一版《恶之花》,是波德莱尔吟咏让娜•迪瓦尔之作。
忘川(Léthé),希腊神话中的忘却之河,是冥间的五条河流之一,鬼魂饮此河水,就会忘记尘世的苦乐。
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残忍无情之魂,请紧靠我胸膛,
你这冷漠怪兽,心爱的虎女郎;
我颤抖的十指,愿久久
埋入你浓密的秀发中央;
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你衬裙下弥散着芬芳,
我想把发痛的头匿藏,
再如枯萎的花朵一样,
嗅嗅往日爱情的浊香。
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我真想睡!超过生之欲望!
死一般沉睡在甜美的梦乡,
把无怨无悔的吻,印遍你
古铜色光滑而秀美的身上。
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为吞下刚刚平复的抽噎,
万物不及你深渊的花床;
你朱唇上栖着强大遗忘,
忘川在你的亲吻中流淌。
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我认命,从此便乐天安详,
有如灵魂终获得救赎解放;
驯顺的祭品,无辜的囚徒,
热狂会将他痛苦之火拨旺,
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为消除积怨,我啜饮
忘忧露和毒芹的琼浆*,
你尖挺迷人的乳晕上,
从不禁锢心灵的向往。
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注释:
*忘忧露(népenthès),荷马史诗中可消除忧愁和怒气的灵药。毒芹(ciguë),一种毒药。
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Le Léthé
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Viens sur mon coeur, âme cruelle et sourde,
Tigre adoré, monstre aux airs indolents;
Je veux longtemps plonger mes doigts tremblants
Dans l'épaisseur de ta crinière lourde;
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Dans tes jupons remplis de ton parfum
Ensevelir ma tête endolorie,
Et respirer, comme une fleur flétrie,
Le doux relent de mon amour défunt.
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Je veux dormir! dormir plutôt que vivre!
Dans un sommeil aussi doux que la mort,
J'étalerai mes baisers sans remords
Sur ton beau corps poli comme le cuivre.
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Pour engloutir mes sanglots apaisés
Rien ne me vaut l'abîme de ta couche;
L'oubli puissant habite sur ta bouche,
Et le Léthé coule dans tes baisers.
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À mon destin, désormais mon délice,
J'obéirai comme un prédestiné;
Martyr docile, innocent condamné,
Dont la ferveur attise le supplice,
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Je sucerai, pour noyer ma rancoeur,
Le népenthès et la bonne ciguë
Aux bouts charmants de cette gorge aiguë
Qui n'a jamais emprisonné de coeur.
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《致一位过于快乐的女郎》
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本诗首次发表于1857年第一版《恶之花》,原标题为《致一位过于快乐的女人》(A une femme trop gaie)。1852年12月9日,波德莱尔将这首诗匿名寄给萨巴蒂埃夫人。
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容貌、举止、神气
尽显你的诗情画意;
笑靥在你面颊嬉戏,
似蓝天上清风拂煦。
-
愁苦之人巧遇上你,
会痴迷于你的美体,
顿觉面前光艳四射,
发自你的香肩玉臂。
-
那色彩的奔溢韵律,
令服饰愈流彩绚丽,
如百花飘飞的舞剧,
荡漾在诗人的心底。
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长裙飘逸,象征你
飘忽、波动的思绪;
你的疯狂令我神迷,
我对你,爱恨交集!
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有时在美丽的花园,
我拖着乏力的肢体,
感到烈日撕裂我心,
似乎对我无礼相讥;
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阳春三月芳草萋萋,
竟然令我伤心至极,
我就作践鲜花一朵,
惩戒大自然的无礼。
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我更想在某天夜里,
当欲望的钟声响起,
像一个卑鄙的懦夫,
悄声爬上你的玉体,
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去蹂躏你仁慈的双乳,
去报复你娇纵的肉体,
还在你腰腹颤栗之际,
留下一道深长的创痍,
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呵,那可真销魂无比!
新樱唇会更娇媚欲滴,
我的姐妹,再从那里
向你倾注进我的毒剂*!
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注释:
*毒剂(venin),1857年8月20日,法国第六轻罪法庭审理《恶之花》案时,检察官将“venin”一词解释为“梅毒”,诗人坚决否认,声称该词意指“忧郁”。
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À Celle qui est trop gaie
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Ta tête, ton geste, ton air
Sont beaux comme un beau paysage;
Le rire joue en ton visage
Comme un vent frais dans un ciel clair.
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Le passant chagrin que tu frôles
Est ébloui par la santé
Qui jaillit comme une clarté
De tes bras et de tes épaules.
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Les retentissantes couleurs
Dont tu parsèmes tes toilettes
Jettent dans l'esprit des poètes
L'image d'un ballet de fleurs.
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Ces robes folles sont l'emblème
De ton esprit bariolé;
Folle dont je suis affolé,
Je te hais autant que je t'aime!
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Quelquefois dans un beau jardin
Où je traînais mon atonie,
J'ai senti, comme une ironie,
Le soleil déchirer mon sein,
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Et le printemps et la verdure
Ont tant humilié mon coeur,
Que j'ai puni sur une fleur
L'insolence de la Nature.
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Ainsi je voudrais, une nuit,
Quand l'heure des voluptés sonne,
Vers les trésors de ta personne,
Comme un lâche, ramper sans bruit,
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Pour châtier ta chair joyeuse,
Pour meurtrir ton sein pardonné,
Et faire à ton flanc étonné
Une blessure large et creuse,
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Et, vertigineuse douceur!
À travers ces lèvres nouvelles,
Plus éclatantes et plus belles,
T'infuser mon venin, ma soeur!
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《首饰》
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本诗首次发表于1857年第一版《恶之花》。诗中的“爱人”指让娜•迪瓦尔。
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爱人知我心意,裸露玉体,
仅戴清脆首饰,鸣鸾佩玉,
饰物骄人,使她面露得意,
一如节日里摩尔人的奴婢*。
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珮饰飞扬,莺歌燕语,
世界烁动着珠光宝气,
我心迷醉,心旷神怡,
声光一体,令我痴迷。
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她玉体横陈,任我亲昵,
沙发高处,她舒畅惬意,
我深沉爱抚,柔似潮汐,
爱欲澎湃,如浪击峭壁。
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她凝视我,似服帖的虎女,
梦般变换体位,眼神迷离,
仿佛天真与淫荡结为一体,
为她销魂的变化更添魅力;
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大腿,小腿,腰肢,手臂,
天鹅般起伏,凝脂般细腻,
在我澄澈慧眼前亭亭玉立;
脐和乳似葡萄珠铺天盖地,
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远比堕落天使更浓情蜜意,
我的灵魂正端坐水晶岩壁,
她惊扰我魂不得休憩,在
那栖息圣地,它安详孤寂。
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我似在欣赏一幅新的写意,
美女楚腰与白嫩酥胸连体*,
腰身勾勒出那肥臀的丰腴,
古铜色的面颊上粉黛细腻!
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——当残烛顺从地死去,
只剩炉膛之火摇曳四壁,
炉火每迸起闪光的叹息,
琥珀色肌肤若血渍淋漓!
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注释:
*摩尔人(les Mores),居住在北非和西非地区的柏柏尔人、阿拉伯人和黑人混血的后裔。中世纪时,摩尔人是西班牙人和葡萄牙人对北非穆斯林的贬称,自十九世纪末法国入侵并统治西部非洲之后,摩尔人则专指生活在撒哈拉沙漠西部地区的居民。
*美女,原文指希腊神话中的美女安提俄珀(Antiope)。安提俄珀是河神阿索波斯(Asopus)的女儿,大神宙斯(Zeus)见其美貌,幻化为半人半羊的森林神萨提尔(Satyr)与其交合,生下安菲翁(Amphion)与西苏斯(Zethus)一对双胞胎。
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Les Bijoux
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La très chère était nue, et, connaissant mon coeur,
Elle n'avait gardé que ses bijoux sonores,
Dont le riche attirail lui donnait l'air vainqueur
Qu'ont dans leurs jours heureux les esclaves des Mores.
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Quand il jette en dansant son bruit vif et moqueur,
Ce monde rayonnant de métal et de pierre
Me ravit en extase, et j'aime à la fureur
Les choses où le son se mêle à la lumière.
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Elle était donc couchée et se laissait aimer,
Et du haut du divan elle souriait d'aise
À mon amour profond et doux comme la mer,
Qui vers elle montait comme vers sa falaise.
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Les yeux fixés sur moi, comme un tigre dompté,
D'un air vague et rêveur elle essayait des poses,
Et la candeur unie à la lubricité
Donnait un charme neuf à ses métamorphoses;
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Et son bras et sa jambe, et sa cuisse et ses reins,
Polis comme de l'huile, onduleux comme un cygne,
Passaient devant mes yeux clairvoyants et sereins;
Et son ventre et ses seins, ces grappes de ma vigne,
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S'avançaient, plus câlins que les Anges du mal,
Pour troubler le repos où mon âme était mise,
Et pour la déranger du rocher de cristal
Où, calme et solitaire, elle s'était assise.
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Je croyais voir unis par un nouveau dessin
Les hanches de l'Antiope au buste d'un imberbe,
Tant sa taille faisait ressortir son bassin.
Sur ce teint fauve et brun, le fard était superbe!
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— Et la lampe s'étant résignée à mourir,
Comme le foyer seul illuminait la chambre
Chaque fois qu'il poussait un flamboyant soupir,
Il inondait de sang cette peau couleur d'ambre!
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《吸血鬼的变形》
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本诗作于1852年,首次发表于1857年第一版《恶之花》,原标题为《淫乐皮囊》(L’Outre de la Volupté)。
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这女人扭着,似炭上的蛇一样,
她隔着胸衣的铁撑捏揉着乳房,
草莓色的口中喷吐莲花,
漱玉般的话语浸透麝香:
——“我呵,樱唇润爽,床笫间
让人丢弃过时的信仰易如反掌。
我高耸的双乳上能烘干泪水,
令白发翁像黄牙孺子般欢畅。
只要见到我一丝不挂,赤裸精光,
我就替代了月亮太阳、星辰穹苍!
亲爱的学者呵,我床艺高强,
每当我任男人啮咬我的躯体,
或让他窒息于我可怕的臂膀,
便脆弱复雄壮,羞怯更放浪,
只要在我这肉垫上蝶浪蜂狂,
阳痿的天使也情愿蹈火赴汤!”
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当她将我骨髓统统吸光,
我转头向她,委顿迷惘,
想回赠个香吻,却只见
两胁间流脓挂浆的皮囊!
我吓得闭眼,周身冰凉,
睁眼时只见刺目的炫光,
佳人身影早已不在身旁,
原想这肉体已饱饮血浆,
谁知竟化为骷髅,颤抖
筛糠,发出嘶嘶的叫嚷,
恰似铁杆上的风标酒旗
在冬夜朔风中瑟瑟鸣响。
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Les Métamorphoses du Vampire
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La femme cependant, de sa bouche de fraise,
En se tordant ainsi qu'un serpent sur la braise,
Et pétrissant ses seins sur le fer de son busc,
Laissait couler ces mots tout imprégnés de musc:
— «Moi, j'ai la lèvre humide, et je sais la science
De perdre au fond d'un lit l'antique conscience.
Je sèche tous les pleurs sur mes seins triomphants,
Et fais rire les vieux du rire des enfants.
Je remplace, pour qui me voit nue et sans voiles,
La lune, le soleil, le ciel et les étoiles!
Je suis, mon cher savant, si docte aux voluptés,
Lorsque j'étouffe un homme en mes bras redoutés,
Ou lorsque j'abandonne aux morsures mon buste,
Timide et libertine, et fragile et robuste,
Que sur ces matelas qui se pâment d'émoi,
Les anges impuissants se damneraient pour moi!»
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Quand elle eut de mes os sucé toute la moelle,
Et que languissamment je me tournai vers elle
Pour lui rendre un baiser d'amour, je ne vis plus
Qu'une outre aux flancs gluants, toute pleine de pus!
Je fermai les deux yeux, dans ma froide épouvante,
Et quand je les rouvris à la clarté vivante,
À mes côtés, au lieu du mannequin puissant
Qui semblait avoir fait provision de sang,
Tremblaient confusément des débris de squelette,
Qui d'eux-mêmes rendaient le cri d'une girouette
Ou d'une enseigne, au bout d'une tringle de fer,
Que balance le vent pendant les nuits d'hiver.

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